Nous sommes tous conscients qu’un séjour linguistique donne à chaque enfant l’occasion de changer de cadre de vie, appréhender de nouvelles valeurs et donner de nouvelles significations aux choses ou aux comportements. Ce qui est moins connu, ce sont les mécanismes d’apprentissage essentiels qui se mettent en place lors de l’immersion dans une culture étrangère. « L’apprenant » (le jeune en séjour linguistique) est confronté à une situation dite de « communication asymétrique » (1) face à ses interlocuteurs étrangers.
Explication du phénomène de la « communication asymétrique »
Cela signifie que ses repères culturels et ses réflexes ne sont pas similaires (symétriques) à ceux des autochtones avec qui il échange. Il doit donc interpréter le nouveau sens des mots et des gestes, les intégrer pour ensuite tenter de les reproduire afin d’être compris.
En face de lui, les autochtones (les professeurs, la famille d’accueil, les personnes étrangères rencontrées lors des visites…) adaptent sur la forme leur discours afin d’être bien compris (ils articulent et parlent plus doucement par exemple).
Cette situation d’apprentissage est décrite par les chercheurs de la célèbre école de Palo Alto (2) comme une « interaction complémentaire ». Ils ont souligné l’efficacité pédagogique de cette interaction, notamment parce que la communication n’est pas vécue comme une contrainte mais comme un échange ou « chacun est solidaire, où les comportements dissemblables s’adaptent l’un à l’autre, s’appellent mutuellement ».
Favoriser les échanges entre « apprenants » et « autochtones »
Cela renforce l’idée qu’apprendre une langue et une culture étrangère ne se résume pas à un simple apprentissage avec des cours magistraux en classe, des livres savants ou des films en V.O. La véritable richesse du séjour linguistique découle du phénomène de communication asymétrique provoquée par la rencontre entre un «apprenant » et un « autochtone ».
L’efficacité d’un séjour est donc en partie liée à la qualité de l’échange entre les jeunes et leur entourage. Dans ce but, la certification Afnor (norme NF Services) apporte une garantie sur les profils des professeurs chargés d’assurer les cours à l’étranger (ils doivent notamment être des « natives »), sur le projet pédagogique des accompagnants mais aussi sur le rôle des familles d’accueils. Ces dernières sont jugées sur leur capacité à échanger avec les jeunes et à faire participer leurs hôtes à la vie de la famille. L’apprentissage culturel viendra justement des nouveautés et différences rencontrées dans les habitudes de chacun.
Enfin, les cours -notamment en Angleterre- privilégient l’oralité au travers de mises en situation des jeunes. Une scène de la vie quotidienne jouée le matin peut être mise en situation l’après-midi. « Trouver son chemin dans un quartier à Londres« , « s’informer sur les horaires d’ouverture de la piscine » ou « acheter des cookies » sont autant de situations anodines où les phénomènes d’apprentissages fonctionnent à plein régime.
(1) La communication asymétrique est décrite par P. Cabin et J-F Dortier dans "La communication, état des savoirs", 2005. (2) P. Watzlawick, J Beavin, D. Jackson, 1972, "Une logique dans la communication"